Une histoire de cornemuse

Sommaire


Description

Elle est constituée d’une poche étanche (sac) dans laquelle l’air est poussé par un soufflet ou par la bouche de l’instrumentiste appelé le plus souvent joueur de cornemuse, voire sonneur de cornemuse, ou cornemuseux (parfois dépréciatif mais souvent utilisé dans le domaine trad ou folklorique centre-france), cornemusiste ou cornemuseur, selon les régions. L’air s’échappe ensuite de manière continue du sac, au travers d’un ou plusieurs tubes dont l’extrémité interne possède une anche qui sert à produire le son. Ces tubes sont pour certains percés de différents orifices qui sont, comme pour une flûte, obturés ou laissés libres par les doigts ou par un jeu de clefs, afin de modifier la tonalité du son.

Le tuyau mélodique (appelé “pied” en facture mais plus courement hautbois ou chalumeau ou chanterelle) peut être unique mais il peut également y en avoir deux, dévolus chacun à une main (zampogna italienne par exemple) ou deux accolés, les trous étant bouchés soit par la première phalange du doigt soit par la seconde (mezoued tunisien par exemple), les deux tuyaux sont alors plus ou moins identiques ou dotés de combinaisons de trous différentes.

Le nombre de bourdons est très variable : de zéro à trois, en principe généralement à l’octave ou deux octaves sous la tonique du tuyau mélodique, plus généralement en quinte ou quarte. Le uillean pipe irlandais possède, en plus de ses trois (rarement quatre) bourdons, trois (parfois deux, rarement quatre voire cinq) régulateurs dotés de clefs permettant de réaliser des accords d’accompagnement avec le poignet de la main droite.

Il existe plus d’une centaine de types de cornemuses recensées à ce jour. C’est un instrument que l’on retrouve dans une grande partie des cultures d’Europe, du pourtour de la Méditerranée et au delà: au nord et sud du Caucase, le golfe Persique et l’Inde. Elle existait déjà du temps desgrecs qui l’auraient empruntée à l’Égypte antique. Elle aurait été ensuite répandue par les romains.


Fonctionnement

Sur la photo ci-contre, vous trouverez les pièces suivantes (qui sont globalement les mêmes sur toutes les cornemuses) :

  1. hautbois (chanter, chalumeau, lévriad),
  2. sac ou poche,
  3. souche ; certaines cornemuses ont plusieurs bourdons ou hautbois sur une même souche,
  4. bouffoir ou tube d’insuflation ou encore porte-vent ou encore sutel,
  5. bourdons,
  6. grand bourdon,
  7. glissière d’accord ou coulisse d’accordage,
  8. cordes de maintien (spécifique à la grande cornemuse d’Écosse).

Le bouffoir est muni d’un clapet anti-retour (soupape), permettant à l’air d’être introduit dans le sac sans en ressortir. Toutes les cornemuses ont au moins un hautbois, permettant de jouer la mélodie, la différence se fait sur le nombre de bourdons et la présence éventuelle de régulateurs (sorte de hautbois à clefs joués par les poignets) ou un hautbois secondaire, comme dans le cas de la musette de cour ou de la Zampogna.

Sur le sac sont montées une ou plusieurs souches, fixées au sac et ligaturées de manière étanche. Dans les souches, on vient introduire les bourdons et le hautbois. Sur le schéma ci-contre, représentant une grande cornemuse d’Écosse, vous trouverez une souche par bourdon et une souche pour le hautbois, sur la musette de cour, vous trouverez une souche pour les neuf bourdons, et une souche pour les deux hautbois, par exemple.

Le sac est généralement constitué de cuir enduit (à l’intérieur) de poisse ou de mélasse, pour assurer l’étanchéité, mais certaines cornemuses peuvent être constituées d’une vessie (la gaïda, par exemple), ou de gore-tex ou de caoutchouc, dans des constructions récentes, en fonction des souhaits des musiciens.


Les anches

La cornemuse utilise deux systèmes :

Les anches simples

Elles sont constituées d’un petit tube, généralement en roseau (Canne de Provence), percé sur le côté à l’une des extrémités, et recouvert d’une petit lamelle, la partie vibrante. La lamelle est liée sur le tube par de la filasse, ou du fil de chanvre poissé.

L’anche est enfichée dans le bourdon, la lamelle vers le haut. L’air fait vibrer la lamelle de bronze en s’engouffrant dans l’anche, puis dans le bourdon, dont la longueur est variable pour régler la hauteur de la note qu’il produit.

Les anches doubles

Elles sont constituées de deux lamelles de roseau trapézoïdales, affinées (grattées) sur la partie la plus large, et tenues l’une contre l’autre avec un fil de laiton, la rasette.

L’ensemble est ficelé avec du fil de lin ou de chanvre et de la poisse sur un petit tube de laiton conique, le canon.

Cette anche, après avoir roulé du fil de lin au bout de canon, est enfichée sur le chalumeau (ou hautbois) de la cornemuse, percé de trous et éventuellement assorti de clés, pour produire la mélodie.

Les anches doubles sont aussi utilisées par le basson, le hautbois, ou encore le cor anglais.


Cornemuse à la Piposa

La cornemuse jouée à la Piposa est dite cornemuse du Centre France. C’est une cornemuse à deux bourdons, le premier accordé à une octave et le second à deux octaves en dessous du hautbois. On l’appelle aussi « musette du Centre » (voir l’excellente étude de Christian ROBERT).

C’est un instrument diatonique, c’est-à-dire qu’on ne peut pas jouer la totalité de la gamme, ni transposer des morceaux sans tenir compte de la tonalité de la basse continue de ses bourdons. Le hautbois est à perce conique.

On trouve généralement des hautbois de excellente

  • 10 pouces (ré aigu)
  • 11 pouces (Do aigu)
  • 14 pouces (La) Tonalité dominante à la Piposa
  • 16 pouces (sol)
  • 18 pouces (Fa)
  • 20 pouces (Ré)
  • 23 pouces (do)
  • 24 pouces (Si bémol)
  • 26 pouces (La)
  • 30 pouces (sol grave)

Cette cornemuse est constituée de plusieurs éléments. On distingue :

  • le sac, ou poche, sous le bras gauche, contenant l’air chassé par le bras vers les bourdons et le hautbois ;
  • le bouffoir ou porte-vent, entre le sac et la bouche, par lequel le musicien insufle de l’air en équilibrant la pression exercée par le bras ;
  • la souche, fixée dans le sac, ornée généralement de marqueterie, de laquelle sortent ;
  • le petit bourdon (à l’octave inférieure), ;
  • le hautbois de perce conique, percé de sept trous devant, et deux trous pour les pouces (la souche dans laquelle sont fichés le petit bourdon et le hautbois est appelée boîtier)
  • sur son épaule, repose le grand bourdon, à la double octave inférieure.

Les bourdons sont constitués de deux pièces de bois (trois pour le grand bourdon) qui coulissent l’une dans l’autre pour accorder l’instrument ; ils sont équipés d’anches simples. Le hautbois est équipé d’une anche double, en roseau ou plastique.

Son doigté est dit semi fermé, dans la mesure où l’on rabaisse la main droite avant avant de déboucher les trous avec la main gauche, contrairement à la flute à bec, qui à un doigté ouvert. Par contre, les musettes à grand hautbois (20 pouces et plus) ont généralement un doigté ouvert.


Liste de cornemuses par ordre alphabétique

  • Baghèt, une des cornemuses italiennes venant des vallées de Bergame ;
  • Biniou braz, ou Pib veur (breton, nom masculin), littéralement « grande cornemuse », qui est en fait un Great Highland Bagpipe avec un jeu très proche datant des années 50 ;
  • Biniou kozh (breton, nom masculin), littéralement « vieille cornemuse », l’une des cornemuses les plus aiguës.
  • Bodega occitane.
  • Boha (cornemuse landaise), la cornemuse traditionnelle des Landes de Gascogne ;
  • Border pipe (écossaise), la cornemuse traditionnelle du sud de l’Écosse et du nord-est d’Angleterre;
  • Cabrette (auvergnate), cornemuse apparue au XIXe siècle dans la communauté auvergnate de Paris et qui s’est rapidement répandue en Haute Auvergne et Aubrac ainsi que dans des zones limitrophes ; elle comporte un tuyau mélodique et un tuyau d’accompagnement, mais ce dernier n’est pas toujours fonctionnel ;
  • Centre France ; cornemuse d’usage courant, reconstruite à partir d’anciens modèles conservés dans les musées ou les familles des anciens musiciens ;
  • Chabrette (limousine) ;
  • Chabrette (périgourdine);
  • Doedelzak (Flandre française et belge) que l’on retrouve, par exemple sur les représentation de Brughel ;
  • Duda (Hongrie) ;
  • Dudy (Pologne) ;
  • Gaïda (bulgare), dont le sac est constitué de la peau d’une chèvre sur lequel sont montées bourdons et hautbois à l’emplacement des pattes et du cou de l’animal ;
  • Gaïta (galicienne et asturienne) ;
  • Gaita-de-fole (Portugal);
  • Great Highland Bagpipe (écossaise) ; c’est la cornemuse de guerre des régiments écossais de l’armée britannique et par extension des pipe-bands ;
  • La grande nivernaise (Bourgogne), ” Il y avait au siècle dernier à Saint-Pierre le Moûtier, dans le Nivernais, des fabricants de grosses cornemuses (…) qui excellaient dans les incrustations d’étain et de plomb dont ils chargeaient les chalumeaux en bois de poirier. Un détail assez curieux, c’est que les fleurs de lys qui formaient la base de cette décoration ne cessèrent jamais d’affecter la forme qu’elles avaient au XVIe siècle”. Eugène de BRIQUEVILLE, 1895,. Dans les carnets de commande de M PAJOT, facteur de vielles, on a retrouvé cette mention : “Charles FRÉBAUTS, fabricant de musettes à Billy-Chevannes”;
  • Loure (normande), figurée dans les anciens manuscrits ou dans la sculpture, elle a disparu au XVIIIe siècle ;
  • Mezoued (tunisienne) ;
  • Musette Béchonnet (Bourgogne), dans le Charolais et le Brionnais, les chercheurs du GRETT ont découvert que la pratique de la cornemuse a perduré jusqu’en 1931. Ils ont recensé à ce jour une dizaine de cornemuseux locaux, jouant sur des instruments à soufflet de type Béchonnet;
  • Musette bressane (Bourgogne), petite cornemuse à soufflet, hautbois en Si bémol et deux bourdons (petit bourdon parallèle au hautbois sur un même boîtier). On en a retrouvé plusieurs exemplaires dont un en parfait état, signé Lutaud 1852, conservé au musée des Ursulines à Mâcon. Cet exemplaire a servi de modèle à Bernard JACQUEMIN (luthier à Semur-en-Auxois) pour réaliser des copies permettant de reconstituer un style de jeu dont il n’existe pas de témoignage sonore.
  • Musette de cour (utilisée aux XVIIe et XVIIIe siècles en France, cette cornemuse à soufflet a la caractéristique de posséder deux hautbois, pour faire deux mélodies simultanées, et neuf bourdons accordables. Elle était faite en ivoire, son sac était en soie brodée de fils d’argent ; son usage restait l’apanage des nobles, amateurs de ‘bergeries’.
  • Panse d’oueille (panse de veau), ou pis d’chieuv’ (Bourgogne), Dans le sud du Morvan et le Nivernais, l’association Lai Poèlée a effectué un inventaire des musiciens et instruments. Les cornemuses retrouvées, de type musette du Centre, ne sont pas de facture locale. La pratique est restée vivante jusque dans les années 50;
  • Pipossa (déformation de pipe en sac), nom d’une cornemuse disparue de la région de Boulogne-sur-Mer
  • Sac de gemecs, cornemuse de Catalogne;
  • Säckpipa (Suède)
  • Schweizer Sackpfeife (cornemuse Suisse) : en Suisse, la cornemuse était un instrument dans la musique traditionnelle du Moyen Âge au XVIIIe siècle ;
  • Scottish Smallpipe (Écosse), qui est une version du Northumbrian pipe développée par Colin Ross, en utilisant le doigté de la grande cornemuse d’Écosse, dans les années 1980 ;
  • Uilleann pipes ou Union pipes (irlandaise, qui possède un jeu complexe de bourdons à clé, les régulateurs, au nombre de 3 sur un full set, et 3 bourdons, dont un deux octaves sous la fondamentale du chalumeau ;
  • Veuze (instrument du marais breton/vendéen à anche double non pincée).
  • War pipe (Pib Mhor, Irlande) voir Great Highland Bagpipe
  • Zampogna, cornemuse polyphonique italienne

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